Catégorie : Water For People

Mais le tout n’est pas de monter l’engin, encore faut-il qu’il serve à quelque chose. Nous voilà donc partis dans le quartier de Kasubi à Kampala avec Forever Sanitation Ltd et son directeur John dont je vous parlait en J 104.

Notre mission, sponsorisée par Water For People et son « Team Poo », est d’aller pomper une fosse qui est pleine mais que la propriétaire n’a pour l’instant pas les moyens de faire vider (une opération comme celle-ci coûte l’équivalent de 80 USD au client, ce qui est une somme importante au regard de la moyenne des revenus ici).

C’est aussi l’occasion pour ma collègue américaine Laura et moi-même de voir les ouvriers et le « Gulper » à l’œuvre. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la mécanique est rôdée. La fosse est pré-nettoyée, pompée, puis le matériel désinfecté et remballé dans le camion qui part immédiatement vider les barils au centre de traitement. Une opération réglée comme du papier… à musique 🙂

Cette famille a désormais quelques années devant elle pour mettre de côté de quoi financer la prochaine opération de pompage.
La propriétaire est ravie, et on dirait même que sa petite-fille aussi !

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Aujourd’hui c’est le « World Toilet Day« , et nous avons donc préparé un programme spécial pour fêter cet événement comme ils se doit.

Tout d’abord, vous souvenez-vous du quizz du J 125 auquel personne n’a su répondre ? Et bien sur une de mes idées diaboliques, nous avons demandé aux équipes (hors inventeurs de l’objet en question) d’essayer d’assembler cet engin bizarre, qui est en fait une pompe à merde (désolée mais si je l’appelle par son nom officiel de « Gulper II », vous n’allez toujours pas comprendre). Evidemment, on ne leur a pas fourni le mode d’emploi.

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Cela a donné deux autres versions du « Gulper II », bien tentées mais pas très fonctionnelles. Le manche notamment, n’était toujours pas relié à la pompe dans la deuxième version, ce qui restait problématique !

Nous avons donc fini par fournir le guide d’assemblage à cette équipe très motivée, qui a pour la deuxième fois démonté et pour la troisième fois remonté l’engin. Pour ma part je me suis contentée de prendre des photos… et de rire aux larmes 🙂

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Je vous préviens, ce quizz là n’est pas facile — mais pas impossible non plus si vous prenez le temps de faire la chasse aux indices.
Et puis Isabelle a trouvé trop facilement la dernière fois (les bouillottes de Bwindi) — je me vois donc obligée de corser l’affaire !

Donc : qu’est-ce que mes collègues « Team-Poo / Shit-Men » sont donc en train de monter comme engin ? C’est une de leurs inventions, qui a fait ses preuves et que nous mettrons à l’honneur dans notre communication le 19 novembre.
Ci-dessous une partie du montage. Good luck !

Visite de « Sanitation Solutions Group », ou je suis reçue par Sherina, Directrice de cette entreprise sociale, partenaire de Water For People, qui promeut des solutions d’assainissement et aide notre organisation à évaluer le potentiel de ses innovations et à les mettre sur le marché.

Ce sont par exemple eux qui promeuvent les « DuraSan », ces toilettes en kit dont je vous ai déjà parlé (voir J13). Ils en font la démonstration lors d’expos itinérantes durant lesquelles ils assemblent la cabine et en font la publicité auprès des habitants.

Ils fournissent également des services aux entrepreneurs, comme par exemple la location de « tricycles » pour transporter les fûts lors du vidage des fosses.

 

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Un de mes collègues a besoin de commander des citernes pour équiper une station de traitement des contenus des fosses (pas toujours septiques : bis repetita…) que nous allons construire
dans la région nord.

Son pilote, construit à Kampala, a été un succès, et une autre station grandeur nature est déjà en construction encore plus au Nord. Ce système est une première car ici le traitement se
fait plutôt par passages successifs dans des mares, ce qui est beaucoup plus polluant et aussi moins efficace que le traitement dans des citernes tel qu’il l’a conçu.

 

Des ajustements vont être nécessaires pour répondre à cette demande spécifique mais l’entreprise a l’habitude et nous envisageons déjà avec eux les solutions possibles pour rendre l’installation sûre et performante.

En revanche côté transport… comment dire… personnellement je refuse de rouler derrière le camion !

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Meet John B.

Je rencontre John, un entrepreneur de l’assainissement comme nous souhaiterions qu’il y en ait davantage ici. Sa société s’appelle « Forever Sanitation« , parce que comme il le fait remarquer, s’il y a une chose que les gens n’arrêteront jamais de faire, c’est d’aller aux toilettes !

John a commencé comme homme de ménage dans une usine qui fabriquait de la crème glacée. Pas par choix, évidemment, mais parce que sa famille n’avait pas l’argent nécessaire pour lui permettre de poursuivre ses études, ce qui est très fréquent ici.
Par chance le patron de l’usine l’a pris en sympathie et l’a aidé à reprendre ses études tout en continuant à travailler pour lui à mi-temps.

A partir de là John a évolué au sein de diverses entreprises. Après avoir beaucoup hésité, il a fini par se lancer dans le vidage des fosses (pas toujours septiques) : un job proposé par Water For People-Uganda mais dont personne ne voulait, même si c’était bien payé — ici faire ce genre de travail est tabou, les gens pensent que si vous faites ça c’est que vous ne pouvez rien faire d’autre parce que vous avez une tare quelconque ou un passé chargé, m’a-t-il expliqué.

Aujourd’hui John est associé avec deux autres personnes — dont son ancien patron de crèmes glacées — et emploie quatre opérateurs, dont deux de ses frères, qui eux aussi ont commencé par partir en courant le jour où il leur a proposé ce travail…
Posé, réfléchi, malin comme un singe (et je sais maintenant de quoi il retourne), parlant  très bas comme beaucoup d’ougandais, il poursuit la diversification de son activité, par exemple en louant/vendant du matériel et des produits chimiques pour les fosses. Pas besoin d’emprunter dit-il, c’est un business qui se suffit à lui-même : en tenant bien ses comptes et en faisant en sorte d’éviter les défauts de paiement, les profits sont suffisants pour pouvoir investir.

Son rêve ? Pouvoir se consacrer à 100 % au management de son entreprise. Mais la société n’est pas mûre et a encore besoin de lui comme opérationnel — en 2017 peut-être… Pour l’instant il afficher fièrement son « Forever Sanitation LTD » : une nouvelle étape dans la vie de la société, qui va lui permettre de servir de nouveaux clients, notamment institutionnels. A suivre…

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